Quelles mains jouer au poker ?
par Clint - publié dans Stratégie, Niveau facile
Jusqu’à ce que vous ayiez une expérience suffisante du poker holdem et de ses subtilités, il est généralement préférable d’éviter de jouer n’importe quelle main : des cartes trop limite vous laissent dans l’incertitude, et donc, vulnérable.
Il est donc conseillé de se limiter aux paires de A-A à 7-7, à A-K et A-Q, en resserrant encore davantage suivant votre position par rapport au bouton et les circonstances.
Petit exemple :
Imaginez que le Real de Madrid reçoive à domicile une petite équipe française évoluant en D2. Si vous deviez parier, sur quelle équipe placeriez votre mise ? Le Real, ou les tocards ? Le Real, bien entendu, parce que c’est la meilleure équipe des deux, et qu’elle a donc infiniment plus de chances de gagner que la petite équipe qui l’affronte.
Vous ne pariez pas au hasard, mais en tenant compte du fait que le Real est redoutable, à domicile qui plus est, et que la petite équipe est - justement - une petite équipe dernière de son classement. Vous tenez donc compte des faits et des probabilités.
Au poker holdem, c’est exactement pareil.
Suivant les circonstances, certaines cartes ont infiniment plus de chances que d’autres : certaines méritent que vous pariez sur elles, d’autres ne valent tout simplement pas la peine d’être jouées. Le tout est d’apprendre à distinguer les cartes valables des mains à jeter sans réflechir, sachant que ça peut varier d’une situation à l’autre.
Trois cas de figure :
soit vous êtes au small blind
soit vous êtes au big blind
soit vous êtes en position “normale”
Voyons les cartes qui méritent d’être jouées. Selon Doyle Brunson, choisir ces mains au preflop ne permet pas de gagner à chaque fois, mais cette rigueur y contribue largement, et sur le moyen terme, vous serez gagnant face à un joueur qui ne sélectionne pas ses mains et prend des risques inconsidérés s’en même s’en rendre compte.
En position “normale”
Vous n’êtes pas au blind, vous n’avez par conséquent rien à payer.
Tout mouvement devra donc être soigneusement calculé : tout choix inconsidéré vous expose, et vous ne voudriez pas prendre de risque stupide. Souvenez-vous, vous n’êtes pas venu pour jouer au poker, mais pour maximiser les gains en minimisant les pertes.
Vous ne devriez donc jouer que les cartes suivantes - les killer hands :
Les top-pairs et les mid-pairs : de A-A à 7-7
Les top connectors à l’As
A-K
A-Q
Les suited connectors à l’As (A-Xs : n’importe quelle carte accompagnée d’un As de la même couleur)
Toute autre main est TROP FAIBLE pour que vous puissiez vous permettre de prendre le risque de miser de l’argent sur elle. Souvenez-vous de l’exemple : ces mains sont le top du top, les autres sont en fin de classement de D2.
Suivant votre stack, votre expérience, le degré d’agressivité de la table et le niveau générale de vos adversaires, vous pourrez choisir de resserrrer encore davantage vos mains, en éliminant les A-Xs de vos choix.
En fait, si vous voulez vraiment limiter les risques (rappelez vous, rigueur et discipline pour gagner), il faut considérer le tableau précédent comme une base, que l’on élague suivant le nombre de joueurs à sa gauche (qui parlent après).
Voici donc nos recommandations, sur les mains minimum à jouer au preflop selon le nombre de joueurs en aval :
9 à 8 joueurs en aval (vous êtes le premier à parler : position “après le bouton” = under the gun) : vous êtes à la merci d’une grosse relance, ne jouez pas en dessous de A-K et de 9-9 pour les paires pour pouvoir faire face si nécessaire.
7 à 5 joueurs en aval : ne jouez pas en dessous de A-Q, 8-8 pour les paires
4 : A-10, K-Qs (suited, c’est mieux), 7-7 pour les paires
3 : A-9, K-J, 6-6
2 (vous êtes au bouton) : tableau des killer hands ci-dessus.
Au big blind
Dans cette position, vous avez déjà payé deux fois la mise de base.
La plupart du temps, personne ne relance au preflop, et vous pourrez aller voir gratuitement le flop. C’est une opportunité de flop gratuit qui s’offre à vous, profitez-en !
Si personne ne relance, vous pouvez donc vous permettre d’aller voir le flop quelles que soient les cartes que vous avez en main. Et là, deux cas de figure :
Vous touchez votre flop, et vous pouvez continuer, selon la solidité de votre jeu et celui de vos adversaires. Doyle conseille de jouer le coup de manière aggressive si le flop améliore votre main de manière considérable. Il conseille de relancer si vous touchez, par exemple, une couleur ou une suite au flop.
Vous ne touchez pas votre flop : il faudra faire preuve de discipline, et folder : vous cherchez à toucher votre flop; si ce n’est pas le cas, pourquoi s’enterrer avec le poids mort que représentent vos cartes ? Vous ne voulez pas parier sur la dernière équipe du championnat, n’est-ce pas ?
Si ça relance au pre-flop, abandonnez l’idée du flop gratuit et couchez-vous, à moins que vous teniez une killer hand. N’oubliez pas que si le flop vous a été offert, la turn et la river ne seront, elles, pas gratuites (à moins que vos adversaires fassent l’erreur de vous laisser voir les cartes sans payer).
Dites-vous que l’argent que vous économisez en vous couchant, et en abandonnant votre big blind, sera mis à profit pour gagner une prochaine main, et ainsi vous rembourser.
Au small blind
Cette position est un peu plus délicate : le fait d’avoir payé une mise de base, et de n’avoir pas grand chose à rajouter pour aller voir incite à payer.
Là encore il faudra faire preuve d’intelligence, de discipline et de rigueur en ne se laissant pas aller avec n’importe quelle main. Payer peu, oui, mais ne pas payer pour n’importe quoi quand même.
Si le pot est relancé, considérez que vous êtes en position “normale”.
Vous ne devrez donc jouer que si vous tenez une killer hand (voir plus haut).
Si personne ne relance, vous devez vous aligner sur le big blind. Vous avez donc une mise de base à payer pour aller voir.
Vous pouvez vous permettre de payer si vous détenez :
une killer hand
si vous cherchez l’accident, les paires inférieures à 7-7 (qui sont exclues du tableau des killer hands), sachant qu’elles ne valent rien si vous ne touchez pas votre flop
A-J et A-Js
K-Q et K-Qs
Q-J et Q-Js
J-9s
Quelle que soit votre position
La plupart du temps, la meilleure chose à faire avec une top-pair en main et des top connectors sera de relancer, afin de “faire le ménage” à table, en poussant vos adversaires à faire le choix de payer ou de se coucher.
Vous éliminerez ainsi les indécis, les opportunistes qui comptaient aller toucher leur flop gratuitement avec leurs cartes moyennes et, par la même occasion, une bonne part d’aléatoire. Moins vous avez d’adversaires en jeu, plus votre main est susceptible d’être la meilleure - en partant du principe que vous ne jouez pas une poubelle.
Sachez comment relancer : pensez toujours au fait qu’en relançant, vous prenez le risque d’être sur-relancé. Il faut donc relancer en se laissant la possibilité de sur-sur-relancer.
Par ailleurs, si jamais vous jouez contre des payeurs-fous (appelés “calling stations“), soyez conscient du fait qu’il vous faudra faire des relances énormes pour les “décoller” de la table… sachant que dans ce cas là, vous prenez le risque d’un bad beat énorme : c’est déjà arrivé à tout le monde de se faire débouter par un débutant qui joue n’importe quoi et qui touche son flop, sa turn ou sa river.
Si un joueur serré (tight) relance, en début de parole qui plus est, n’ignorez pas l’information. Si ce mec joue tight, qu’il prend le risque de relancer en début de parole, méfiez vous. Resserrez vos mains, et si vous payez, soyez sur vos gardes.
De même, sachant que les jeunes joueurs ne sélectionnent pas leurs mains, choisissez soigneusement les vôtres pour pouvoir tenir la route s’ils réussissent à toucher des cartes qui transforment leur poubelles : un joueur avec 7-2 est dangereux s’il paye tout, et qu’il touche un brelan, un full ou n’importe quoi d’autre : et pour vous c’est alors le bad beat, sauf si vous avez joué prudemment. Avec des killer hands, vous minimisez les risques de bad beat.
Rappelez-vous : plus ça joue “loose” à table, plus vous devez jouer “tight” et vice versa.
A l’occasion, changez de style de jeu en jouant des mains que vous ne joueriez pas d’habitude, pour brouiller les signaux et confondre vos adversaires.
A propos des petites paires
Vous avez remarqué qu’on élimine d’office les paire inférieures à 7-7 ? Et pour cause.
Prenons l’exemple de la paire 2-2.
C’est la plus petite paire possible au holdem. Cela implique que TOUTES les autres paires suffisent à la rendre perdante : n’importe quelle carte autre que 2 au flop peut donner une overpair à vos adversaires. Or, si vous avez deux 2 en main, il en reste 2 en jeu. Le flop étant constitué de 3 cartes, une overcard (supérieure au 2) tombe systématiquement, c’est mathématique. Et donc, votre paire de 2 se retrouve systématiquement la plus faible.
C’est pour cette raison que beaucoup de joueurs un tant soit peu expérimentés considèrent que toute paire en dessous de 6-6 ne vaut même pas la peine d’être jouée, tant elles sont faibles et propices à être supplantées par un petit brelan ou une overpair. Personne ne veut se mettre en situation d’incertitude de manière volontaire !
Le tableau récapitulatif des probabilités du poker holdem vous donnera un aperçu des risques que le flop apporte une overcard à votre pocket pair.