Choisir une bonne table en cash game
par Clint - publié dans Niveau intermédiaire, Cash Game
Voici quelques conseils pour bien choisir sa table en cash game, car quoi de pire que s’asseoir tranquillement à une table, pour se rendre compte une fois lessivé qu’on s’est soi-même jeté au milieu d’un banc de requins ?
De fait, si les parties de cash game font avant tout appel à votre faculté d’adaptation et à votre capacité à attendre le bon moment pour fondre tel un rapace sur vos adversaires imprudents, le choix d’une table vous offrant des circonstances favorables est essentiel. Les occasions de faire de l’argent seront nombreuses sur une table bien choisie, tandis qu’une table choisie au hasard risque de vous faire subir la traversée du désert si vous vous retrouvez entouré de pirates.
Comment débusquer une table intéressante ?
Choisir une bonne table revient ni plus ni moins à essayer de se trouver le meilleur siège possible, ce, à la meilleure table possible - ce qui, au passage, sous-entend qu’on peut très bien se retrouver à la pire des places, même sur la meilleure table qui soit. Il va donc falloir, dans un premier temps, repérer des tables offrant des perspectives.
Les tables qui nous intéressent sont les tables qui présentent un maximum d’opportunités.
Vous chercherez donc, à l’aide des stats du lobby, en priorité des tables :
dont les blinds et la cave moyenne sont dans vos moyens
vous permettant de choisir votre place (plusieurs places libres)
qui présentent de l’action (on voudra un pot moyen assez conséquent - il indique le degré d’aggressivité et d’implication des joueurs - et un bon nombre de joueurs allant voir le flop)…
et où le style de jeu vous convient (choisissez une table loose si vous êtes prudent et opportuniste, ou une table prudente et timide si vous voulez jouer aggressif). Vous devez pouvoir profiter des défauts de vos adversaires. Ce qui implique que vous ayiez observé leur style de jeu avant de vous asseoir.
J’insiste sur un point : ne cherchez pas à vous asseoir sur des tables trop chères pour vous : vous vous feriez ratisser au premier raise non assumable. Optez pour des petites tables si vous avez peu d’argent devant vous, et faites grimper votre stack lentement, mais sûrement. Souvenez-vous : “c’est toujours l’impatience de gagner qui fait perdre”.
Le poker est un jeu où l’on peut se faire mal assez rapidement, et une mauvaise série associée à un ou deux tilt peut très vite réduire votre bankroll à néant. S’asseoir à des tables avec une cave représentant entre 1/ 20 et 1/25 de votre bankroll permet d’affronter les coups durs avec plus de sérénité. Si vous débutez, n’oubliez pas que bien choisir vos mains d’entrée suivant votre position est le meilleur moyen de réduire votre variance avec des flops difficiles à appréhender.
Bonne table … ou mauvaise table ?
Une fois la table choisie, il faut désormais essayer de voir quelle place vous offre les meilleures persectives : si vous avez le choix entre une place vous permettant de dominer les moutons, tout en vous protégeant des requins, et une place qui fasse de vous un impuissant face aux agressions, pourquoi se priver du luxe de choisir ?
Pour cette raison, il est plus que recommandé de prendre le temps d’observer le style de jeu à cette table avant d’y prendre place. Mais observer quoi, exactement ?
Dès les premières mains que j’observe, je veux avoir la confirmation que le jeu présente de l’action.
Je veux que les blinds soient payés, relancés et que ça suive. Ca doit jouer, les parties trop timides ne sont pas intéressantes, elles n’offrent pas assez d’angles d’attaque.
Je veux rapidement pouvoir me faire une idée du profil que présentent mes adversaires.
Les stacks des joueurs méritent un coup d’oeil : sont-ils faibles, élevés, homogènes ou très disparates ? Un joueur domine-t’il la table ?
Soyez attentif au style de jeu des stacks qui sortent du lot, vous pourrez peut être spotter un abruti inconscient, potentiellement dangereux mais qui distribue ses jetons à qui veut les prendre, et repérer les joueurs solides dont chaque move sera à prendre au sérieux. Cherchez les inconscients, pour qui l’adage “n’importe quelle main peut gagner” fait foi. Leur stack est généralement plus bas que la moyenne, et ils jouent un max de mains, foldent au premier coup de semonce.
Toujours dans la même logique, esayez de repérer les menaces et les victimes potentielles, pour déterminer la meilleure position.
La notion de position est primordiale. Parler en dernier permet d’avoir un max d’infos sur l’attitude de ses adversaires, et donc, de décider de la sienne en toute connaissance de cause. A l’inverse, parler en position hâtive vous force à prendre une décision sans savoir comment réagiront les joueurs qui doivent parler après vous : vous êtes donc obligé de serrer vos mains de départ, sous peine de vous retrouver coincé si quelqu’un relance une main un peu intermédiaire que vous auriez décidé de jouer.
Ainsi, parler après un joueur qui mise avec tout et n’importe quoi vous permet de vous cacher derrière lui en callant ses bets, et éventuellement, de voir sa réaction au flop, et permet de voir venir les aggressifs lorsqu’ils attaquent.
L’idéal est donc de faire en sorte d’avoir les joueurs aggressifs à sa droite, et les joueurs passifs à sa gauche, dans la mesure du possible bien évidemment. Il sera ainsi plus facile d’éviter de s’embarquer dans des coups violents sans avoir la main qui va avec, et de forcer les plus passifs à se coucher lorsqu’ils décident de bouger et que les circonstances vous sont favorables.
Ne tardez pas trop non plus avant de vous asseoir : il ne s’agit pas de se faire piquer le meilleur siège sous le nez !
Puis, une fois assis, la première chose à faire est de vérifier que ce qu’on a observé est bien exact, en testant les réactions de ses adversaires. Si vous n’aimez pas ce que vous voyez, n’hésitez pas à quitter la table !
Savoir changer de table quand le vent tourne
A tout moment, en cash game, si vous sentez que le vent commence à tourner, n’attendez pas d’avoir perdu gros pour changer de table : certains nouveaux arrivants, de par un style de jeu qui ne vous convient pas et vous déstabilise, vous feront rapidement perdre votre avantage. Si vous sentez que vous ne pouvez pas faire grand chose, cherchez une meilleure table, plus juteuse et où vous vous sentez plus à votre aise.
Il arrive également que l’ambiance à table change du tout au tout : si les deux vaches-à-lait de la table perdent leur tapis bêtement, qu’ils quittent la table, et que vous vous retrouvez seul face à un sit-out et à deux joueurs ultra agressifs … peut être est-il temps d’envisager de changer de table.
De même, si vous voyez que le courant ne passe pas, que vous ne rentrez aucun coup, et que ça commence à perturber votre sérénité, ou qu’un joueur vous domine et que ça vous agace, que vous risquez de perdre patience ou confiance en vous … changez de table ! On ne fait jamais rien de bon lorsque le moral est touché, et au poker, il vaut mieux fuir son adversaire quand on le peut encore, avant que son ascendant sur vous lui ait permis de prendre votre argent facilement.